
L’histoire de la science est fascinante. Mais comment est-elle née, et pourquoi devrions-nous lui faire confiance? Voici ce qu’écrit Carlo Rovelli, physicien, philosophe des sciences et auteur prolifique, dans son livre Par-delà le visible :
« La conscience des limites de notre connaissance est conscience aussi du fait que ce que nous savons, ou croyons savoir, peut se révéler imprécis ou erroné. Ce n’est que parce que nous avons conscience que nos croyances pourraient être erronées que nous pouvons nous en libérer et en apprendre davantage. … La science naît de cette attitude d’humilité : ne pas se fier aveuglément à ses intuitions. Ne pas se fier à ce que tout le monde dit. Ne pas se fier à la connaissance accumulée par nos pères et nos aïeux. »
Ce passage reflète bien l’état d’esprit scientifique : le doute et la remise en question. Il ne s’agit pas d’un manque de respect envers les générations précédentes, mais d’une posture intellectuelle essentielle. Car si l’on croit que tout a déjà été dit, on cesse de progresser.
Les meilleures explications scientifiques sont celles qui résistent à l’examen critique des pairs.
Ce qui rend la science puissante, ce n’est pas qu’elle offre des vérités définitives
La force de la science provient du fait qu’elle recherche sans cesse les meilleures réponses possibles, et qu’elle accepte de les corriger quand de nouvelles données apparaissent. La complexité du monde fait que bien des phénomènes, physiques ou psychologiques, nous échappent encore. Cela n’empêche pas d’utiliser les connaissances scientifiques de manière efficace, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Il serait naïf de croire que toutes les découvertes sont toujours appliquées à bon escient. Certains affirment que les scientifiques sont corrompus et que les données sont manipulées pour des intérêts financiers. Il est vrai qu’il existe des dérives, mais elles concernent une minorité des publications. Pourquoi? Parce que nous vivons dans un monde où l’argent domine souvent le cœur, entraînant malhonnêteté et corruption. C’est une réalité dont les scientifiques sont conscients et qu’ils prennent en compte dès leurs premiers pas dans la recherche. Pendant notre formation académique nous lisons des centaines d’articles par année, passons des milliers d’heures en laboratoire et développons des outils critiques pour évaluer la fiabilité des résultats. C’est aussi pour cela qu’il faut à la fois faire confiance à la science et rester ouvert à l’évolution de ses conclusions.
Les erreurs de jugement sont possibles à tous les niveaux, même pour les chercheurs les plus expérimentés. Mais certains faits sont établis : la Terre est bien ronde, l’homme a marché sur la Lune, et le SIDA n’est pas une invention humaine mais une tragédie née d’un manque de connaissances. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande l’ouvrage du médecin québécois Jacques Pépin, Aux origines du SIDA : Enquête sur les racines coloniales d’une pandémie. L’apparition du SIDA dans notre société a d’ailleurs été l’une des raisons qui m’ont poussé à entreprendre une formation scientifique de calibre international dans le domaine médical.
En conclusion, pour évaluer la valeur des données scientifiques, il faut toujours faire preuve de prudence, confronter les résultats à plusieurs sources, et garder l’esprit ouvert. La science ne demande pas la foi aveugle, mais la confiance éclairée.